Wilfrid Laurier (parti libéral) Premier ministre du 11 juillet 1896 au 6 octobre 1911. Né le 20 novembre 1841, Laurier est le premier Québécois (ou Canadien français comme on nous appelait à l'époque) à être élu à la tête du Canada. En 1877, Laurier avait fait les manchettes en dénonçant le parti pris politique du clergé catholique québécois et des tactiques d'intimidation qui étaient exercés sur les fidèles. Il eut gain de cause quelques mois plus tard lorsque l'Église fit parvenir à ses curés une lettre qui leur interdisait «d'enseigner du haut de la chaire ou en tout autre lieu qu'il y a péché à voter pour un candidat de quelque parti que ce soit.» C'est là une belle victoire pour la démocratie. En 1885, lors du grand rassemblement sur le Champ de Mars, il dénonce l'éxécution de Louis Riel et va même jusqu'à déclarer à la foule: «Si j'avais été sur les bords de la Saskatchewan, j'aurais, moi aussi, épaulé mon fusil... Riel a été victime d'un guet-apens.» C'est pourtant ce même Laurier qui, 10 ans plus tard, présidera à la disparition des écoles françaises de l'Ouest. |
Louis Saint-Laurent (parti libéral) Premier ministre du 15 novembre 1948 au 21 juin 1957 Saint-Laurent occupait le poste de ministre de la Justice dans le gouvernement de Mackenzie-King, pendant la guerre. Lorsque le député québécois René Chaloult déclara, dans un discours anticonstriptionniste: "Je crois qu'après cette guerre se rompra tout lien avec l'Angleterre", Saint-Laurent décide d'entreprendre des poursuites judiciaires contre le député de Lotbinière pour "propos séditieux". L'affaire fit beaucoup de bruit au Québec et ne fit rien pour augmenter la popularité de Saint-Laurent au Québec. À l'opposé, le Canada anglais le vit dès lors comme un homme qui ne craignait pas de remettre ces Canadians-français à leur place. Saint-Laurent fut élu après la guerre, alors que le pays connaissait une grande période de prospérité et de croissance. Il entreprit la construction de la route transcanadienne et nomma le premier gouverneur né au pays, Vincent Massey. C'est pendant son mandat que le Canada prit part à la guerre de Corée aux côtés des forces de l'ONU et participa à la fondation de l'OTAN. Malgré une opposition initiale considérable, il réussit à instaurer les paiements de péréquation aux provinces. Son gouvernement continua à développer le programme de réforme sociale en apportant des améliorations aux pensions de vieillesse et à l'assurance-maladie. Son amour des enfants lui valut le surnom d'Oncle Louis. |
Pierre Trudeau (parti libéral) Premier ministre du 20 avril 1968 au 3 juin 1979 et du 3 mars 1980 au 30 juin 1984 Lors de son arrivée au pouvoir, Trudeau le célibataire millionnaire connut une popularité qui fut par la suite baptisée «Trudeaumanie» par les médias. Cette popularité était en partie dûe à son jeune âge et à son charme. Il faut dire aussi que plusieurs anglophones le voyaient comme l'homme qui allait «mettre le Québec à sa place» alors qu'un grand nombre de francophones le voyait comme l'homme qui allait défendre leurs intérêts. L'un de ses premiers grands gestes fut l'adoption de la Loi sur les langues officielles, garantissant aux citoyens francophones des services fédéraux dans leur langue. Mais Trudeau désirait un gouvernement fédéral très centralisé, ce qui le mit rapidement en conflit avec le gouvernement du Québec qui désire depuis longtemps la décentralisation des pouvoirs au profit des provinces. Il fut révélé plus tard que Trudeau mena une véritable guerre secrète et illégale contre les séparatistes et qu'il donna son accord à l'infiltration des groupes séparatistes par la GRC et la CIA pendant les années 1960. Lors de la crise d'octobre de 1970 et à la demande du premier ministre québécois Robert Bourassa, Trudeau déclara la Loi des mesures de guerre (qui suspendit les droits fondamentaux des citoyens) et envoya l'armée investir Montréal. Un grand nombre d'arrestations sans mandat furent effectuées. Plusieurs qualifièrent cette mesure d'exagérée pour venir à bout d'une petite poignée de terroristes. On apprit plusieurs années plus tard que, pendant cette même période, Trudeau avait ordonné à la GRC (Gendarmerie royale canadienne) d'espionner illégalement la jeune organisation politique souverainiste de René Lévesque, le parti québécois. |
Brian Mulroney (parti conservateur) Premier ministre du 17 septembre 1984 au 25 juin 1993 Mulroney et son parti furent élus aux communes avec la plus grande majorité de l'histoire canadienne. Parmi les réalisations de Mulroney, citons le traité de libre-échange nord-américain avec les États-Unis et le Mexique (l'ALÉNA) et la participation du Canada à la guerre du golfe persique. Il est également à l'origine de la très impopulaire T.P.S. (taxe sur les produits et services). Il faut dire qu'il avait hérité d'une dette énorme du gouvernement Trudeau. C'est sous le gouvernement Mulroney que les droits linguistiques des Acadiens du Nouveau-Brunswick sont enfin enchâssés dans la constitution et que l'accord sur le Nunavut avec les Inuits met en branle la création d'un troisième territoire au Canada. À l'échelle internationale, Mulroney se fait respecter pour sa position sur l'apartheid en Afrique du Sud. Il négocie avec les États-Unis un traité sur les pluies acides et se liera d'amitié avec le Président américain George Bush (ce qui en inquiétera plusieurs au sujet du libre-échange). |
Jean Chrétien (parti libéral) Premier ministre du 4 novembre 1993 au 12 décembre 2003. De 1967 à 1984, Jean Chrétien dirigea plusieurs ministères sous les gouvernements de Lester Pearson et de Pierre Trudeau. En 1980, ce dernier le nomma ministre responsable des négociations constitutionnelles. Il fit campagne pour le NON au référendum de 1980, déclarant que la souveraineté du Québec signifierait une hausse du niveau de la vie et du prix du pétrole (il faut absolument louer le film «Le confort et l'indifférence» de Denys Arcand pour voir le jeune Chrétien en pleine action). Par la suite, il joua un rôle de premier plan lors de la rédaction et de l'adoption de la charte canadienne des droits et libertés ainsi que lors du rapatriement de la constitution en 1982. En 1990, Chrétien devint le nouveau chef du parti libéral fédéral. Il dénonça l'accord du Lac Meech et fit campagne contre l'accord de Charlottetown de Brian Mulroney. Il fait pression sur les premiers ministres libéraux Frank McKenna (Nouveau-Brunswick) et Clyde Wells (Terre-Neuve) afin que l'accord soit détruit. Même l'adversaire principal de Chrétien à la course au leadership du parti en 1990, Paul Martin, déclare: "Il a fait campagne pendant un an sur le dos du Québec en disant au Canada anglais qu'il n'y aurait pas de problème au Québec si l'Accord du lac Meech échouait." Chrétien est élu à la tête du pays en 1993 suite à la déconfiture du parti conservateur de Mulroney. Ses promesses électorales, selon lesquelles il abolirait la très impopulaire TPS (taxe sur les produits et services) et mettrait fin au traité de libre-échange nord-américain ne furent pas tenues. Confronté à ce mensonge électoral, il accusa les électeurs de l'avoir mal compris. |
Chrétien à l'attaque! Surpris par le caméraman Phil Nolan de Global |
Jean Chrétien fit les manchettes lorsqu'il s'attaqua à un manifestant (Bill Clennett) devant les caméras de télévision à Hull (photo à gauche). Il déclara que l'homme était l'instigateur de l'attaque, ce qui s'est avéré faux. Dans des circonstances nébuleuses, l'homme décida de ne pas porter plainte. Chrétien donna également son accord à l'importation de plutonium russe au Canada, se mettant ainsi à dos les groupes écologistes. Son invitation du président de la Chine, Li Peng (le principal responsable du massacre de la place Tiananmen en 1989) fut perçue comme totalement inacceptable par les supporters des droits humains. |