Photo tirée du film «FROM HELL», 20th Century Fox, 2001. |
Nous avons tous déjà entendu parler de Jack l'Éventreur. Un grand nombre de films et de documentaires ont été tournés sur ce célèbre assassin. Il est également l'objet d'un nombre imposant de livres. Toutefois, peu de gens savent qu'il s'agit d'un personnage historique qui a réellement existé et non pas d'une simple légende ou d'un monstre cinématographique. Encore moins de gens savent que l'abominable Jack aurait peut-être déjà fréquenté les rues… de Montréal!
LES FAITS Avant de tenter de déterminer la véritable identité de l'assassin, commençons d'abord par revoir les faits historiques véritables. Nous sommes à Londres, dans le quartier très pauvre et malfamé de Whitechapel. Le 31 août 1888, vers 3h45 du matin, deux hommes découvrent le corps d'une femme dans la ruelle étroite et sordide de Buck's Row. Le médecin qui examine le corps remarque une profonde incision dans le cou de la victime et des lacérations à l'abdomen. La femme est ensuite identifiée comme étant Mary Ann Nichols, une prostituée de 43 ans et une habituée du quartier. Aucune arme ni aucun indice qui permettrait d'identifier l'assassin n'est retrouvé sur les lieux du crime. |
LE CAUCHEMAR SE POURSUIT
C'est le 8 septembre 1888, dans la cour du 29 Hanbury street, qu'on découvre la seconde victime connue du mystérieux assassin. Il s'agit d'Annie Chapman, encore une fois une pauvre prostituée, de 47 ans cette fois. Comme dans le cas de Nichols, de profondes coupures sillonnent le cou de la victime. Toutefois, les blessures à l'abdomen sont beaucoup plus profondes et plusieurs organes en ont été retirés. Le médecin écrira dans son rapport : "Les incisions étaient nettes (…) Il paraît évident que nous sommes en présence du travail d'un expert - du moins, de quelqu'un possédant des connaissances anatomiques (…)" Les similitudes entre les deux meurtres semblent démontrer qu'ils furent tous deux perpétrés par le même assassin. |
La cour du 29 Hanbury street en 1888. Le corps de Chapman fut trouvé entre la clôture et les marches. |
L'inspecteur en chef John George Littlechild |
Dans une affaire vieille de plus de 100 ans, il est presque utopique d'espérer trouver d'anciens et précieux documents inédits qui pourraient fournir de nouveaux indices aux chercheurs. C'est pourtant ce qui se produit en 1993 lorsque le "ripperologue" amateur, Stewart Evans, mit la main sur une lettre inédite et apparemment authentique écrite en 1913 par J.G. Littlechild, celui qui occupait le poste d'inspecteur en chef de la police secrète de Londres en 1888. Dans sa lettre, Littlechild identifiait un suspect qui avait été ignoré jusque-là des chercheurs: un certain docteur Tumblety. Littlechild écrit encore qu'un énorme dossier à son sujet avait été compilé par Scotland Yard.
Bien que les documents concernant Tumblety soient aujourd'hui complètement introuvables à Scotland Yard, les recherches qui furent effectuées après la découverte de la lettre semblèrent confirmer les soupçons de l'inspecteur Littlechild. |
Lors d'un souper organisé pour des militaires dans ses appartements, il dévoila à ses invités un véritable musée des horreurs. Dans un grand nombre de pots et de bocaux posés sur les tablettes de son bureau, les invités purent voir plusieurs spécimens anatomiques. Tumblety expliqua à ses invités que la plupart de ces organes étaiens des utérus "provenant de femmes de toutes les classes de la société". Lorsqu'on lui demanda pourquoi il haïssait tant les femmes, il expliqua que lorsqu'il était encore très jeune, il tomba follement amoureux d'une femme et l'épousa, pour ensuite se rendre compte qu'elle le trompait et était une prostituée.
IMPLICATION DANS L'ASSASSINAT DU PRÉSIDENT En 1865, Tumblety fut activement recherché pour possible complicité dans l'assassinat du président Abraham Lincoln. Il fut arrêté au Missouri, interrogé et emprisonné pendant trois semaines. Si Tumblety a réellement été impliqué dans ce complot, des preuves suffisantes ne furent jamais fournies. Suite à cette expérience, il publia un pamphlet d'indignation dans lequel on devine la rage et la soif de vengeance qui bouillonnaient en lui. |
Tumblety lors de son arrestation en 1865 |
Portrait de Tumblety qui fut publié en couverure de son second livre, en 1889. |
Le New York Times du 19 novembre 1888 nous apprend que Tumblety a été arrêté et est détenu à Londres. On le soupçonnerait d'avoir été impliqué dans les meurtres de Whitechapel. Il était également accusé de crimes de nature sexuelle (on a peu de détail à ce sujet, il pourrait être question de prostitution, de grossière indécence ou d'homosexualité qui était illégale à l'époque). Le New York World du 2 décembre ajoute que Tumblety a été remis en liberté jusqu'à sa comparution en cour criminelle et que sa caution aurait été payée par deux hommes qui avouèrent par la suite n'avoir rencontré Tumblety que quelques jours plus tôt.
Dès sa libération, Tumblety s'enfuit immédiatement vers la France. Le 24 novembre, il s'embarqua à bord du navire La Bretagne à destination de New York. La police de Londres fut très embarrassée par la fuite de cet important suspect, ce qui expliquerait pourquoi la plupart des policiers auraient passé l'affaire sous silence. On sait toutefois que plusieurs enquêteurs sont envoyés aux États-Unis sur les traces de Tumblety. Le Pall Mall Gazette du 31 décembre révèle que "l'inspecteur Andrews de Scotland Yard, est arrivé à New York depuis Montréal. On croit qu'il aurait reçu des ordres d'Angleterre d'entreprendre des recherches du meurtrier de Whitechapel. On rapporte que M. Andrews aurait déclaré qu'une demi-douzaine de détectives anglais, deux commis et un inspecteur ont été envoyés en Amérique dans le même but." |