On lui reprocha son expansionnisme qui avait causé une nouvelle vague d'attaques iroquoises sur les avant-postes français. À son départ, la colonie se retrouva en bien mauvaise position, presque sans défense et en grand danger. Le début d'une nouvelle guerre entre la France et l'Angleterre n'améliora pas les choses. Le 4 août 1689, les Iroquois attaquèrent Lachine, massacrèrent un grand nombre d'habitants sans défense et détruisirent plusieurs fermes.
De retour en France, Frontenac tenta de convaincre Louis XIV de lui donner une nouvelle chance. Ses créanciers avaient saisi la plupart de ses propriétés et il se retrouva en bien mauvaise posture. En 1688, on commença à mettre sur pied un plan d'attaque de New York, ce qui empêcherait ainsi les Anglais de fournir les Iroquois en armes et mettrait fin aux attaques de ceux-ci. Dès que l'Angleterre déclara la guerre à la France, le roi accepta le projet et Frontenac fut nommé commandant de l'expédition et à nouveau gouverneur de la Nouvelle-France. À cause de plusieurs délais, Frontenac n'arriva à Québec qu'en octobre 1689 et l'attaque fut abandonnée, faute de temps. |
Bien que ces raids firent des merveilles pour le moral des habitants canadiens, ils répandirent la panique dans les colonies anglaises. Celles-ci s'unirent pour mettre sur pied un projet d'attaque de la Nouvelle-France. Ils montèrent deux expéditions. La première devait réunir miliciens de New York et du Maryland ainsi que des guerriers iroquois et avait pour objectif Montréal. La seconde devait quitter Boston et attaquer Québec par la mer. Sir William Phips fut nommé à la tête de la flotte anglaise. Mais l'attaque de Montréal dut être annulée et grâce à ce manque d'organisation des Anglais, Frontenac put concentrer ses forces à Québec.
Phips dirigea aussitôt ses hommes contre l'Acadie. Il atteignit Port-Royal le 22 mai 1690 et s'en empara facilement. Le 9 juin, il rentra à Boston avec un important butin. Le 19 août de la même année, avec une flotte d'une trentaine de bateaux dont quatre gros vaisseaux et plus de 2000 hommes, Phips fit voile vers Québec. Ce n'est qu'après plusieurs retards qu'il se présenta, le 16 octobre, devant Québec. Au messager de Phips venu sommer Frontenac de rendre la ville, celui-ci répondit par ces mots devenus célèbres : «Je nay point de réponse à faire a vostre général que par la bouche de mes canons et à coups de fuzil!» |
Le siège de Québec débuta donc le 18 octobre. Les Anglais débarquent à Beauport mais toutes les forces de la colonie les attendaient. Après trois jours de résistance aux attaques constantes des miliciens canadiens et à la température qui devenait glaciale, Phips se résigna à rentrer à Boston. Québec était sauvée!
Les Anglais ne montèrent pas d'autres attaques contre la Nouvelle-France et se contentèrent de fournir les Iroquois en armes afin que ceux-ci fassent le boulot à leur place. Frontenac, n'ayant pas suffisamment de troupes pour envahir la Nouvelle-Angleterre, organisa plusieurs raids contre ses ennemis. Les miliciens canadiens devinrent bientôt aussi efficaces que leurs alliés amérindiens à cette forme d'attaque sournoise et furtive qu'on vint à surnommer la «petite guerre». |
La victoire de Frontenac fut célébrée avec éclat en Nouvelle-France ainsi qu'en France où elle fut commémorée par une médaille. L'avers de la médaille montre Louis XIV, de profil, et porte l'inscription latine «Ludovicus magnus rex christianus» (Louis, le grand roi chrétien). Le revers représente un personnage allégorique foulant à ses pieds le drapeau anglais. À sa gauche, on voit un castor, tandis qu'à sa droite une autre figure symbolique appuyée sur une urne représente le fleuve Saint-Laurent. En exergue, on peut lire : «Francia in novo orbe victrix» (la France victorieuse au Nouveau-Monde) et au bas, «Kebeca Liberata MDCXC». |