Pluie de météorites sur le Québec Gigantesques visiteurs de l'espace


Comme vous le savez, une pluie de météorites atteint l'atmosphère de la Terre à chaque année. La majorité d'entre elles sont relativement petites et se consument dans notre atmosphère avant de toucher le sol (les étoiles filantes). Mais de temps à autres, une météorite gigantesque plonge vers la Terre et cause des dommages terribles. La plus grosse météorite à avoir touché la Terre dernièrement s'est écrasée en Sibérie en 1908. Elle a dégagé une énergie équivalente à celle d'une bombe atomique.

Le Québec préhistorique n'a pas été épargné. Certains vont même jusqu'à affirmer que le plus important bombardement de l'histoire aurait eu lieu ici. Parmi les neuf traces les plus visibles de ces antiques cataclysmes, citons le lac Couture, le lac La Moinerie et le fameux cratère du Nouveau-Québec, dans le Grand Nord. Ce dernier, créé il y a 1,4 millions d'années et situé 88 kilomètres au nord du village de Kangiqsujuaq, est le mieux préservé des cratètes du pays. Mais il y en a plusieurs autres.

Manicouagan

Que cet impact ait été puissant ne fait aucun doute: il suffit de regarder la taille du cratère (à droite, vu de la navette spatiale). Malgré cela, on ne peut s'empêcher d'être surpris des récentes découvertes d'une équipe de l'Université d'Aberdeen en Écosse.

Selon leurs recherches, La météorite qui a creusé le cratère de la Manicouagan, a frappé si fort que de la lave éjectée s'est retrouvée… en Grande-Bretagne! Cet impact, survenu il y a 214 millions d'années, a dû faire beaucoup de dégâts. On croit qu'il s'agissait d'une météorite de 5 km de diamètre. Les biologistes remarquent qu'une extinction massive des espèces animales et végétales est justement datée d'environ 200 millions d'années. C'est à la suite de cette extinction que les reptiles, et parmi eux les dinosaures, ont pu s'imposer comme expèce dominante sur notre planète!

Aujourd'hui, le lac Manicouagan est la cicatrice de ce cataclysme préhistorique. Le lac, qui a la forme d'un anneau, est en fait un cratère de 100 kilomètres de diamètre. Le cratère, tout comme le reste du territoire québécois, a connu une importante érosion suite aux passages des galciers. Le lac Manicouagan, via la rivière du même nom, se déverse dans le fleuve Saint-Laurent, situé à 483 kilomètres au sud. C'est sur cette puissante rivière qu'Hydro-Québec a construit plusieurs installations hydro-électrique, dont le plus grand barrage à voûtes multiples du monde, le barrage Daniel-Johnson (Manic-5).


Charlevoix

Dans les années 60, le géologue Jehan Rondot découvre des traces étranges et inexplicables alors qu'il dressait la carte géologique de la région de Charlevoix. Autour du mont des Éboulements, il découvre du feldspath altéré, du quartz laiteux et des "shatter cones". En les comparant à des échantillons retrouvés dans le cratère de Manicouagan, il vint à la conclusion que ces roches ne pouvaient être que le résultat d'un impact météorique.

Les proportions gigantesques de cette météorite sont à couper le souffle. Il y a 365 millions d'années, un bolide de deux kilomètres de diamètre, pesant 15 milliards de tonnes a percuté le Québec préhistorique, creusant un cratère de 56 kilomètres de diamètres et s'enfonçant à cinq kilomètres dans la croûte terrestre. Le ressac de la matière percutée et liquéfiée par la chaleur de l'impact a soulevé (comme une pierre qu'on jette dans l'eau) une gerbe haute de 768 mètres en plein centre du cratère: le mont des Éboulements. Tout autour s'étend le plancher du cratère, aujourd'hui habité par une trentaine de milliers de personnes, encerclé d'une couronne d'effondrement où coulent les rivières du Gouffre (au sud) et Malbaie (au nord). Les tremblements de terre dans la région y sont encore fréquents. En 1996, Charlevoix a fait trembler les sismographes 286 fois!

Baie d'Hudson?

A vol d'oiseau Malgré les proportions vertigineuses de la météorite qui frappa Charlevoix, un accident au moins 100 fois plus important se serait produit un peu plus au nord. En observant la carte du Québec, on ne peut qu'être frappé par la forme semi-circulaire de la baie d'Hudson. Au large, on aperçoit un amas d'îles à peu près au centre du cercle prolongeant l'arc. Serait-ce là un cratère? C'est possible, mais ce serait alors un cratère aux dimensions bien plus grandes que celles des grands cratères terriens connus. Selon un article de Kenneth Webb paru dans le "Canadian Geographical Journal", le rayon de ce cratère atteindrait 231 kilomètres et la côte de la baie suivrait exactement cet arc de cercle à moins de 6 km d 'écart. De plus, c'est la seule partie où la rive se trouve escarpée et le seul endroit de la baie où on trouve un grand nombre d'îles. En plus, ces îles possèdent un sol de type et d'âge différents de ceux du sol environnant.


Si les scientifiques hésitent tant à conclure à un impact météorique, c'est en raison des dimensions colossales du cratère. En effet, pour produire un tel trou, il faudrait une petite lune de 30 km de diamètre, projetée vers la Terre à une vitesse de 15 km/seconde. Certains avancent l'hypothèse que le cratère pourrait n'avoir que 100 km de rayon et qu'il se serait agrandi par la suite, à l'occasion de tremblements de terre successifs. Mais même dans ce cas, se serait encore la plus grosse pierre qui ait jamais percuté la Terre.

La dernière météorite à s'être écrasée sur le sol québécois est très récente. Elle a touché le sol près de Saint-Robert (80 kilomètres au nord-est de Montréal) le 14 juin 1994. Il s'agit d'une pierre grisâtre pesant deux kilos et qui est environ de la grosseur d'une cantaloupe. Elle a été découverte par Stéphane Forcier qui l'a entendue briser le mur du son et s'élancer vers sol comme une bombe.


Source additionnelle:
Article de Terence Dickinson publié dans Canadian Geographic, numéro de mai-juin 1995.


Prélude - Avant le Québec

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