Louis-Joseph Papineau portrait




Louis-Joseph Papineau est né le 7 octobre 1786 à Montréal. Son père, Joseph Papineau, était notaire et politicien. En 1802, le père devint seigneur en achetant la seigneurie de Petite-Nation au séminaire de Québec. La famille sortit alors de l'ombre pour entrer dans le monde de la bourgeoisie canadienne-française. Louis-Joseph entra au collège de Montréal, puis au Petit Séminaire de Québec. À la fin de ses études, après une longue hésitation, il choisit la profession d'avocat. Mais cette carrière ne lui plaisit pas du tout et il y était très malheureux.

Vie politique

Sa longue carrière politique débuta en 1809. Il fut élu à la Chambre d'assemblée par les électeurs du comté de Kent. Mais il continua de se plaindre que cette carrière ne le satisfaisait pas. Il aspirait à une vie rustique, à la campagne, entouré de sa famille et de ses livres. La politique lui permit toutefois de devenir de plus en plus connu.

Papineau arriva en politique au moment où un grand vent de changement soufflait sur la Chambre. Depuis 1805, les élus avaient commencé à se regrouper en Partis. D'un côté, les nationalistes canadiens, basés à Québec, se portaient défenseurs des institutions et des traditions canadienne-françaises. L'idée d'un gouvernement responsable et d'une «nation canadienne» émergeait (souvenons-nous qu'à l'époque, les seuls à se dire fièrement Canadiens étaient en majorité les francophones de la vallée du Saint-Laurent). De l'autre côté de la Chambre, s'opposaient à eux les riches marchands anglais, les fonctionnaires du secteur public et les immigrants loyalistes américains. Ce groupe était éminemment monarchiste et ne souhaitait nullement voir ces francophones s'approprier les pouvoirs que tenaient le gouverneur britannique.

En 1810, Louis-Joseph Papineau choisit de se joindre aux rangs du Parti Canadien. Il fit figure d'homme modéré au sein du Parti, et on commença à l'entrevoir comme le futur successeur du présent chef, Pierre-Stanislas Bédard. En 1812, il participa à la guerre contres les États-Unis en tant que capitaine de milice. En 1815, Papineau fut élu Président de la Chambre d'assemblée. En 1817, il acheta la seigneurie de Petite-Nation de son père. Le 29 avril 1818, il épousa Julie Bruneau, fille d'un marchand de Québec.

Papineau dans sa jeunesse La crise politique de 1822 projeta Papineau au centre de l'actualité. Le parti des marchands, jusqu'alors en minorité dans la Chambre, avait envoyé à Londres un projet d'union dont le but avoué était l'assimilation des francophones de la vallée du Saint-Laurent. Le Parti Canadien s'y opposa bien sûr, fermement. En 1823, Papineau et John Neilson partirent pour Londres dans le but d'empêcher l'adoption d'une telle mesure. Les deux hommes apparurent comme les représentants d'une large partie de la population et le projet fut abandonné (en partie seulement grâce à l'intervention des deux hommes). Papineau revint néanmoins au pays en héros, comme l'homme qui avait exposé et empêché l'éxécution de l'ignominieux complot des marchands anglais. Il réintégra son poste de Président de la Chambre.


Le Parti patriote

En 1826, le Parti Canadien devint le Parti Patriote. Plus seulement Montréalais, le parti se donna de solides bases régionales et se dota du journal La Minerve (sous la direction de Ludger Duvernay) pour véhiculer ses idées. Le parti réunissait les paysans francophones, les francophones de la moyenne bourgeoisie, quelques libéraux anglais, des Irlandais et des fermiers d'origine américaine des Cantons de l'Est. Malgré le fait que l'autorité de Papineau était très respectée par la majorité des membres du parti, l'aile libérale, La Fontaine à sa tête, critiquait les débats abstraits et parlait déjà de révolution. Quant à Papineau, ses idées restaient plutôt ambiguës à bien des égards. Par exemple, il se prononçait en faveur de la liberté et des droits de l'homme et se disait opposé à l'ancien régime féodal. En même temps, il supportait le système seigneurial canadien et le considérait comme une «institution nationale» (probablement parce qu'il était seigneur lui-même). Selon lui, les seigneurs étaient préférables aux marchands anglais!

En 1832, Papineau se déclara républicain. Il désirait instituer une république du Bas-Canada par des moyens pacifiques, en faisant pression sur le gouvernement britannique. Les «92 Résolutions», présentées à la Chambre le 17 février 1834, avait pour but d'exposer les aspirations politiques de Papineau. Il réclamait un gouvernement responsable élu qui contrôlerait les revenus et voterait les lois du Bas-Canada. L'année suivante, alors que plusieurs Patriotes impatients contemplaient la possibilité d'un affrontement armé, Papineau fit un appel au calme. Confiant que le gouvernement britannique lui donnerait raison, il déclara qu'il ne fallait pas «accélérer la séparation de la mère-patrie mais plutôt préparer le peuple à vivre dans un âge qui ne sera ni monarchique, ni aristocratique.» Papineau et la foule
La rébellion des Patriotes

Papineau tint le même discours jusqu'en 1837, alors que le parlement de Londres adopta les résolutions de Lord Russell, rejetant catégoriquement les requêtes des Patriotes parce que jugées trop excessives. Dès lors, le mouvement Patriote devint un mouvement révolutionnaire. L'aile radicale du parti, dominée par Robert Nelson, se prononça en faveur d'une révolution armée. Papineau, de son côté, s'avérait plus prudent et modéré, espérant toujours trouver une solution pacifique à la crise. Il continua à favoriser les moyens de pression et à encourager la population à boycotter les produits anglais. Il déclara que si ces moyens s'avéraient inutiles, il donnerait son accord à l'usage de la force. Le 10 mai 1837, Papineau rédigea son testament.

Assemblee des 6 comtes


Après l'assemblée de Saint-Charles, Papineau fut contraint de quitter Montréal et de se réfugier dans la vallée du Richelieu. Le gouvernement britannique du gouverneur Gosford ordonna l'arrestation des chefs du mouvement Patriote et décida d'intervenir militairement. À Saint-Denis, Papineau agit comme commandant et s'assigna des généraux. Puis, devant la menace militaire imminente, il s'exila aux États-Unis.

L'exil

Suite à la défaite de 1837, Papineau alla rejoindre les Patriotes réfugiés à Middlebury, au Vermont. Il refusa de signer la déclaration d'indépendance du Bas-Canada parce que celle-ci préconisait l'abolition du régime seigneurial. Toujours ambivalent, il se dissocia des plans d'invasions, tout en tentant d'y impliquer les gouvernements français, russe et américain. Il décida de ne pas participer à l'insurrection de 1838 mais donna la permission aux Patriotes d'utiliser son nom pour rallier le peuple.
4000 piastres!!!


À partir du printemps de 1838, l'hostilité des réfugiés envers Papineau commença à prendre de l'ampleur. On lui reprocha sa fuite de 1837 et on l'accusa même d'être responsable de cet échec et d'avoir abandonné la cause. Toutefois, les Patriotes décidèrent de taire leurs accusations pour ne pas nuire au mouvement révolutionnaire. Ils décidèrenet plutôt d'utiliser l'extraordinaire popularité de Papineau à leur avantage. Après le second échec de 1838, Papineau fut envoyé en France avec la mission de gagner les sympathies du gouvernement français à la cause patriotique. Le 8 septembre 1839, il quitta New York en direction de Paris. Sa femme et trois de ses enfants allèrent le rejoindre. Ils vécurent pauvrement en France jusqu'en 1845. Il suivit l'actualité canadienne avec beaucoup d'intérêt et eut des contacts avec des Européens libéraux, des socialistes et même des nationalistes irlandais.

Retour en politique

À l'insistance de sa femme, il mit fin à son exil en 1845, un an après qu'on lui ait accordé son pardon. Ses amis et sa femme réussirent à le convaincre de revenir à la politique en 1848. Il s'opposa à l'union des deux Canadas, principe qu'il considérait une honte. Il préféra plutôt donner son support à l'idée d'annexion aux États-Unis. Il déclara avoir une grande admiration pour les institutions américaines, supérieures à «l'Angleterre aristocratique» qu'ils détestait tant. Mais la plupart de ses anciens collaborateurs, dont Robert Nelson et Ludger Duvernay, croyaient plutôt que l'avenir du Bas-Canada était au sein de l'empire britannique. Le public donna son support à leur option de gouvernement responsable. Battu, Papineau quitta la politique en 1854.

Papineau vers la fin de sa vie Il consacra les dernières années de sa vie à sa seigneurie, prenant quand même le temps de dénoncer le projet de confédération des provinces qu'il voyait comme un moyen de perpétrer les institutions monarchiques et aristocratiques anglaises au Canada. Il rendit l'âme le 25 septembre 1871, à Montebello, dans la nouvelle province de Québec.


Instigateur héroïque du mouvement des Patriotes pour les uns, poltron déserteur pour les autres, Louis-Joseph Papineau demeure un homme qui joua un rôle de premier plan dans ces événements qui furent parmi les plus marquants de l'histoire du Québec. Il fut et demeure sans contredit un acteur important dans le démantèlement d'un régime politique inacceptable pour le peuple du Bas-Canada. Sa réputation d'homme très intelligent survit encore aujourd'hui dans l'expression populaire «Ça ne prend pas la tête à Papineau!»


Page des Patriotes de 1837-38

Testament de Chevalier de Lorimier

Déclaration d'indépendance du Bas-Canada

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