La cueillette du gui, gravure du XIXe siècle |
Pline l'Ancien est un des rares auteurs à décrire, dans son Histoire naturelle, le déroulement d'une cérémonie druidique: «Ils préparaient sous l'arbre un sacrifice rituel et un festin et conduisaient au sanctuaire deux taureaux blancs dont les cornes sont entravées pour la première fois. Un prêtre vêtu de blanc monte dans l'arbre et coupe à l'aide d'une serpe d'or le gui que l'on recueille dans un linge blanc.» Au sujet des sacrifices, Strabon écrit: «Il existe de nombreux récits de leurs sacrifices humains; ils avaient coutume d'abattre leurs victimes à coups de flèches et de les empaler dans leurs temples; ils confectionnaient aussi de grands mannequins de paille et de bois, y jetaient du bétail des animaux sauvages et des êtres humains et offraient un sacrifice en y mettant le feu.» S'agit-il d'une description exacte ou de rumeurs véhiculées par leurs ennemis afin de les faire passer pour des "barbares"? |
Les Gaulois avaient la réputation d'être de braves et féroces guerriers. Les premiers guerriers gaulois connus allaient à la guerre presque complètement nus. Diodore de Sicile décrit ainsi l'équipement du guerrier: «Il porte une longue épée fixée au côté droit, un long bouclier, des lances de dimension analogue, et un madaris, qui est une sorte de javeline. (…) Ils portent sur la tête des casques de bronze surmontés de hauts cimiers qui les font paraître gigantesques. Dans certains cas, ce sont des cornes fixées sur le casque; dans d'autres, il s'agit de figures en relief, d'oiseaux ou d'avant-trains de quadrupèdes.» Strabon ajoute: «Ils portent des boucliers de la taille d'un homme, tous différents. Certains sont brillamment décorés d'animaux de bronze en relief qui leur servent à la fois de défense et d'ornementation.»
Il semble que, dans la tradition gauloise, les batailles permettaient aux tribus d'extérioriser leurs querelles sans grande effusion de sang. Elles étaient l'occasion pour quelques duels de champions et les druides intervenaient souvent pour empêcher les batailles à grande échelle. Diodore de Sicile offre cette fascinante description d'une bataille: «Une fois que les armées sont alignées en position de combat, ils ont coutume de s'avancer hors des rangs et de provoquer en combat singulier les plus braves de leurs adversaires, tout en brandissant leurs armes pour frapper l'ennemi de terreur. Et lorsqu'un champion accepte leur défi, ils récitent à haute voix les prouesses de leurs ancêtres, proclamant leur propre bravoure, tout en insultant et dénigrant leur adversaire, essayant en un mot de les décourager à l'avance.» Au sujet de l'intervention des druides, il écrit encore: «Alors que les armées s'approchent l'une de l'autre en ordre de bataille, que les soldats ont tiré leurs épées et pointent leurs lances en avant, prêts à charger, ces hommes s'avancent au-devant des guerriers et arrêtent le conflit, comme s'ils avaient envoûté des sortes de bêtes féroces.» |
Statuette d'un guerrier gaulois, datant du IIe ou Ier siècle avant J.-C., découverte au Danemark. |
Le Brenne et sa part, tableau de Paul Jasmin, XIXe siècle. |
IVe siècle av. J.-C.: Au début de ce siècle, environ 300 000 Celtes envahissent l'Italie. Mais si les textes antiques ne nous parlent que de batailles entre Celtes, mercenaires gaulois et Romains, l'archéologie nous révèle un aspect plus paisible de cette invasion. Des découvertes tracent plutôt le portrait de nouveaux venus qui s'intègrent parfaitement à la vie italienne et d'une véritable symbiose entre les cultures celte et italique. Les Romains nomment ces nouveaux venus les "galli" (ou Gaulois), mot qui fait référence au coq (gallus), animal caractéristique des Celtes établis en Gaule cisalpine (Italie du Nord).
386 av. J.-C.: Les Gaulois, en bonne partie des Sénons, s'enfoncent toujours plus profondément en Italie. Après le siège de Clusium (Chiusi), l'expédition marche ensuite sur Rome. L'armée romaine est défaite au confluent de l'Allia et du Tibre, à quelques kilomètres de la Ville Éternelle, puis la ville est dévastée et incendiée par les Gaulois qui l'occupent pendant sept mois. Brennus, le héros conquérant, exige une rançon de mille livres d'or avant de quitter la ville. Mais les poids qui servent à peser le butin sont pipés et lorsqu'un tribun romain les refuse, Brennus jette insolemment son épée parmi les poids de la balance et s'exclame: «Vae victis!» (Malheur aux vaincus!) Il s'agit de la plus grande humiliation de l'histoire romaine. |
Tite-Live écrit dans son histoire de Rome: «Trouvant clos tous les logis des plébiens et grands ouverts les atriums des nobles, ils hésitaient presque plus à envahir les maisons ouvertes que les autres: car ils éprouvaient une sorte de vénération à voir, assis dans leurs vestibules, ces personnages à qui leur costume conférait une grandeur plus qu'humaine […]. Ils auraient pu être des statues dans un sanctuaire, et devant eux les Gaulois se tenaient un instant médusés. Soudain l'un d'eux, un certain Marcus Papirius, à qui un guerrier avait touché la barbe […] lui donna sur la tête un coup de son bâton d'ivoire, déclenchant du même coup sa colère. Il fut massacré, avec tous ceux qui se tenaient assis. Les Gaulois pillèrent les maisons et, après les avoir vidées, y mirent le feu.»
-385: Après le sac de Rome, les Sénons s'installent le long de la côte Adriatique, près de l'actuelle ville d'Ancône. Plusieurs mercenaires celtes se mélangent alors aux conflits méditerranéens. Ils s'associent entre autres au roi Denys Ier de Syracuse pour attaquer les Étrusques. |
Le sac de Rome par les Gaulois, tableau de Paul Jasmin, XIXe siècle. |
Statue de Vercingétorix de Millet, en Bourgogne |
-60: Face à une nouvelle invasion des tribus germaniques (les Suèves et les Daces), les Éduens sollicitent l'appui de Rome pour résister à l'envahisseur. Jules César, proconsul de la Provincia, profite de l'invitation pour pénétrer en Gaule avec ses armées. Il repousse les Suèves de l'Alsace en -58. Maintenant qu'il a pris pied en Gaule, César décide d'y rester. Il a besoin de glorieuses conquêtes pour asseoir sa position politique à Rome. Sans provocation, il engage une campagne contre les Belges, qui sont battus sur l'Aisne. César envoie ensuite ses légions en Armorique pour soumettre les peuples maritimes, décimer leur flotte et isoler la Gaule du Centre.
-54: Les Belges se révoltent sous leur chef, Ambiorix. La rébellion s'organise chez les Carnutes, les Sénons et les Éburons. Les Carnutes proposent de déclarer la guerre nationale. Dans leur forêt sacrée se réunit l'assemblée des druides qui prédisent que la guerre sacrée connaîtra le succès. Un prince arverne est choisi comme chef, il s'agit de Vercingétorix (dont le nom signifie grand roi des braves). Dès qu'il est élu, il entreprend de se rallier la majeure partie de la Gaule centrale et de l'Armorique et d'organiser un grand soulèvement. Vercingétorix lance une attaque contre la Provincia, afin de couper la communication entre les Romains en Gaule et l'Italie. L'attaque est un échec et Vercingétorix doit se replier au pays Arverne. -52: Les Romains assiègent Avaricum (Bourges). Les Biturges refusent d'appliquer la technique de la terre brûlée et de sacrifier leur ville, tel que l'avait demandé Vercingétorix. Malgré une résistance héroïque, la ville est vaincue et 40 000 habitants périssent. Ce désastre sert de leçon et l'autorité de Vercingétorix est raffermie. |
La scène est entrée dans la légende. Monté sur son cheval, Vercingétorix franchit au galop l'intervalle des deux camps. Il décrit, par la droite, un cercle autour du vainqueur puis, sans un mot, jette ses armes au pieds de César, médusé. Le chef arverne s'offre ainsi en victime expiatoire, pour atténuer le malheur de ses compatriotes. Il sera enchaîné et amené à Rome comme prisonnier, pour finalement être mystérieusement étranglé dans sa prison.
La révolte gauloise n'est pas entièrement matée, mais les grandes batailles sont terminées. Ce n'est qu'à la fin de l'an 51 avant J.-C. que la guerre des Gaules est officiellement terminée. L'historien grec Plutarque parle d'un million de prisonniers et d'un million de morts du côté gaulois. |
Vercingétorix jette ses armes devant César, tableau de L.Royer, 1888. |
Gaulois mourant, statue de marbre, Musée Lapitolini, Rome. |
La conquête romaine entraîne une romanisation des pays celtes. Les langues celtes disparaissent peu à peu pour faire place au latin. La religion des celtes sombre dans l'oubli avec la mort des derniers druides. Les dieux gaulois prennent l'aspect des dieux romains; Sucellus devient Jupiter et ainsi de suite. Les élites gauloises sont intégrées à l'administration de la Gaule et prennent souvent des noms romains. La population deviendra assez rapidement gallo-romaine.
Aujourd'hui, à l'exception de la Bretagne, les cultures celtes ont disparus de l'Europe continentale. Quelques-unes survivent encore dans les îles britanniques comme le gallois (au Pays de Galles) et le gaélique (en Irlande). |