ORIGINES COLONIALES DES
ARRONDISSEMENTS DE MONTRÉAL
Arrondissement Baie-d'Urfé
L'histoire de la famille d'Urfé a ses racines dans la région de la Loire (commune de Champoly) en France. La puissante famille s'illustra du XIVe au XVII siècle. Une tour fut érigée dans l'actuelle commune vers 1130 par le Sire de Beaujeu Arnulphe Raybe d'Urfé, ancêtre de la famille. La tour devint château fort vers 1408. On y retrouve encore aujourd'hui ses vestiges qui sont en restauration. (Merci à M. Louis Loron, un natif de cette région, qui m'a si gentiment fait part de cette fascinante histoire. Pour en savoir plus sur le sujet, visitez le site de la commune de Champoly).
C'est en 1685 qu'est créée la paroisse Saint-Louis-du-Haut-de-l'Isle. Le premier curé s'appelait François Saturnin Lascaris d'Urfé, fils du marquis d'Urfé. La baie prit donc le nom de son premier abbé. Suite à plusieurs différents entre l'abbé d'Urfé et le gouverneur Frontenac, le prêtre fut expulsé de la Nouvelle-France. Mais le marquis d'Urfé, qui était un parent de Colbert et un ami de Louis XIV, se vengera peu après en faisant rappeler Frontenac en France. La paroisse, elle, se développe tranquillement. Il faut attendre la Grande Paix de 1701 pour voir plusieurs terres être défrichées et l'agriculture prendre son essor. À l'époque, les fermes étaient toutes reliées ensemble par un chemin qui suit l'actuelle route qui longe le lac Saint-Louis.
Arrondissement Dorval
En 1665, les Sulpiciens avaient établi une mission, le domaine Gentilly, à cet emplacement. Il fut fondé par l'abbé François de Fénelon et avait pour but l'évangélisation des Iroquois. Fénelon sera lui aussi renvoyé en France après une mésentente avec le gouverneur Frontenac. Le domaine sera vendu à l'épouse de Pierre Legardeur de Repentigny en 1685, mais il est abandonné quatre ans plus tard, après le massacre de Lachine de 1689. En 1691, le domaine est racheté par Jean-Baptiste Bouchard d'Orval, un marchand de Ville-Marie dont la famille était originaire du hameau d'Orval, en France.
L'Île Dorval était bien connue des Amérindiens, avant l'arrivée des blancs. Ils la considéraient comme un endroit de paix et s'y rassemblaient pour célébrer. L'île est concédée à Picoté de Bellestre en 1668, qui l'échange à l'abbé Fénelon en 1673. Le curé de Ville-Marie projetait d'y créer un endroit voué à l'éducation des "sauvages". Mais il est renvoyé en France avant que son projet voit le jour. L'île est finalement rachetée par Jean-Baptiste d'Orval .
Arrondissements Île-Bizard, Sainte-Geneviève et Sainte-Anne-de-Bellevue
L'île située entre l'île de Montréal et l'île Jésus porte d'abord le nom d'île Bonaventure. En 1678, elle est octroyée en fief à Jacques Bizard, un mercenaire suisse qui avait joint l'armée française pour combattre les Turcs. Il se retrouve plutôt major de Montréal. Sa seigneurie prendra son nom, même s'il n'y a jamais habité.
Sainte-Genevière joua un rôle important dans l'histoire de l'ouest de l'île. On y établit une longue paroisse le long de la rivière des Prairies (ainsi nommée en l'honneur du marin qui l'a découverte, un compagnon de Champlain nommé Desprairies). On y construit un fort pour permettre aux voyageurs qui remontaient la rivière des Outaouais d'y faire un arrêt en toute sécurité, après leur portage des rapides du cap Saint-Jacques. Les Sulpiciens y concèdent des terres en 1717. Les premiers habitants devaient se rendre à Pointe-Claire pour y moudre leur grain. On utilisait déjà les montées des Sources, Saint-Jean et Saint-Charles (aujourd'hui encore les artères principales).
Pour ce qui est de Sainte-Anne-de-Bellevue, Samuel de Champlain lui-même y débarqua en 1615. Les autochtones qui le guidaient connaissaient bien l'importance stratégique de cette pointe située au confluent de la rivière des Outaouais et du fleuve Saint-Laurent. C'est en 1672 que les Sulpiciens concèdent le fief de Bellevue. Lorsque le curé de la paroisse, l'abbé de Breslay, tomba de cheval un soir d'hiver, en pleine tempête de neige, il promit à Sainte-Anne de lui ériger une chapelle s'il s'en sortait vivant. Chose promise, chose due, et c'est ainsi que l'endroit acquit son nom.
Arrondissements de Lachine et de La Salle
Robert Cavelier de La Salle débarque en Nouvelle-France à l'âge de 24 ans. Il vient de quitter l'Ordre des Jésuites et son frère Jean est sulpicien à Ville-Marie. En 1667, Jean concède à son frère une terre et un fief. En guise de reconnaissance, La Salle baptise son domaine "Saint-Sulpice". C'est un endroit stratégique à cause de la présence des rapides. Les voyageurs en provenance de Québec et qui se dirigent vers les Grands Lacs doivent s'y arrêter pour y faire du portage. L'endroit attire les aubergistes et les commerçants. Il sert également d'avant-poste pour protéger Ville-Marie.
Mais Cavelier de La Salle s'intéresse plus à l'exploration qu'à l'administration d'un village. Il vend son fief en 1669 pour financer ses voyages à la recherche de la Chine. Son entreprise se solde par un échec, mais il découvrira toutefois de nouvelles terres qu'il nommera "Louisiane". Ses détracteurs, pour se moquer de lui, donneront le nom de "La Chine" à la Côte Saint-Sulpice. En 1676, le nom devient officiel avec la création de la paroisse des Saints-Anges-de-Lachine.
Arrondissement Outremont
C'est à la fin du XVIIe siècle que les Sulpiciens concèdent ces terres sur le flanc nord du mont Royal (outre-mont). Les premiers habitants s'y installent, après la Grande Paix de 1701, le long d'un ancien sentier qu'empruntaient les Amérindiens pour se rendre à Hochelaga, en longeant le versant nord de la montagne. Cette piste deviendra le chemin de la Côte-Sainte-Catherine.
Arrondissement Pierrefonds-Senneville
Le premier fief du bout de l'île fut octroyé à Michel Sidrac du Gué en 1672. Peu intéressé par l'agriculture, il revend sa propriété à Charles Le Moyne et Richard LeBer en 1679. Ceux-ci y établissent un poste de traite des fourrures. LeBer nomme l'endroit Senneville, en l'honneur de la région de France dont est originaire sa famille.
Arrondissement Pointe-Claire
L'endroit accueille d'abord des colons qui en avaient assez des attaques incessantes des Iroquois à Ville-Marie. Ils avaient choisi cette pointe dégagée, le long du lac Saint-Louis, parce qu'on pouvait y voir arriver l'ennemi de loin. Cette pointe "claire" ne portera toutefois ce nom que beaucoup plus tard. La paroisse portera d'abord le nom de Saint-François-de-Sales, puis de Saint-Joachim. L'endroit devint un important centre d'activité au XVIIIe siècle. On y construit un moulin seigneurial où les agriculteurs de l'ouest de l'île se rendaient pour y moudre leur grain. Les fidèles s'y rendaient également, d'aussi loin que Sainte-Geneviève, pour assister à la messe du dimanche.
Arrondissement Saint-Laurent
Cette partie de l'île commença à se développer après la Grande Paix de 1701. Elle tire son nom de la côte Saint-laurent, le chemin de campagne qui traversait l'île d'est en ouest en suivant le tracé de l'actuelle autoroute métropolitaine. La paroisse de Saint-Laurent est fondée en 1702. Ses origines sont purement agricoles.
Arrondissement Saint-Léonard
L'appellation apparaît pour la première fois en 1721. On parle de la Côte-Saint-Léonard qui sera éventuellement divisée en deux paroisses, celle de Sault-au-Récollet et celle de Longue-Pointe. Il est intéressant de noter que, si les appellations "côtes" sont fréquentes à Montréal, ce n'est pas à cause des pentes. Elles tirent leur origine du fait que les Sulpiciens avaient divisé l'île de Montréal en "coteaux", les chemins prenaient souvent le nom de côtes.
Arrondissement de Verdun
En 1663, Maisonneuve veut construire un avant-poste près des rapides de Lachine pour surveiller les incursions iroquoises. Il offre des terres le long de la rivière Saint-Pierre et nomme le territoire Côte-des-Argoulets (ce terme désignait les francs-tireurs à l'époque). Le premier seigneur se nomme Zacharie Dupuy. Il est nommé major de la garnison à Ville-Marie à la mort de Lambert Closse et gouverneur intérimaire en l'absence de Maisonneuve. Dupuy baptise son domaine fief de Verdun, en souvenir du village du Sud de la France dont il est originaire, Notre-Dame-de-Saverdun.
Arrondissement de Westmount
En 1650, Maisonneuve concède des terres sur la montagne à Martin Hurtubise. À l'époque, peu de gens veulent s'installer à cet endroit. Les habitants de Ville-Marie avaient d'ailleurs surnommé la ferme Hurtubise "la Haute Folie". Mais les terres protégées du vent du nord jouissent d'un ensoleillement généreux et sont très fertiles. On y cultive des pommes, des cerises et des pruneaux que l'on vend dans les marchés montréalais.